Comment fait-on une prévision ? | Météo-France Comment fait-on une prévision ? (2024)

La prévision météorologique est élaborée en trois étapes fondamentales : l'observation, la simulation de l'évolution de l'atmosphère à l'aide des modèles numériques et l'analyse des résultats par les prévisionnistes.

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De l'observation à la prévision expertisée, en passant par l'assimilation des données et la modélisation : pour affiner les prévisions, les améliorations portent sur l'ensemble de la chaîne.© Météo-France.

Recueillir les observations et assimiler les données

Pour prévoir le temps qu'il fera demain, il faut déjà connaître le temps qu'il fait aujourd'hui. Plus on veut aller loin dans le temps, plus la zone sur laquelle il faut caractériser le temps qu'il fait doit être étendue. L'observation constitue ainsi la première étape d'une prévision. 90 % des données d'observation utilisées par les modèles de prévision de Météo-France proviennent des satellites météorologiques. Les 10 % restants sont fournis par des stations au sol, des radiosondages, des capteurs embarqués sur des avions de ligne et des navires de commerce ou installés sur des bouées ancrées et dérivantes. Météo-France reçoit aussi des autres services météorologiques des mesures recueillies sur l'ensemble du globe.

Toutes ces observations sont ensuite traitées pour en extraire les informations " utiles " au modèle de prévision : on parle d'assimilation des données. Environ 22 millions de données d'observations sont utilisées chaque jour par les modèles à l'issue de l'étape d'assimilation. Les données issues des observations sont combinées à d'autres informations, comme des prévisions très récentes, pour établir un état initial de l'atmosphère que le modèle saura utiliser.

Simuler le comportement de l'atmosphère en trois dimensions

À partir de cet état initial, les modèles simulent l'évolution de l'atmosphère en tenant compte bien sûr des lois qui gouvernent son évolution (mécanique des fluides, changement d'état de l'eau, turbulence, rayonnement...). Ils découpent l'atmosphère en une grille en trois dimensions aux mailles plus ou moins larges.

Pour décrire l'état de l'atmosphère et effectuer leurs calculs, les modèles numériques de prévision du temps et du climat découpent l'atmosphère en boîtes élémentaires contenant chacune une valeur de pression, de vent, de température, d'humidité... Sur l'horizontale, ce découpage est défini par la distance de maille de la grille du modèle, et sur la verticale, par le nombre de niveaux du modèle. Distance de maille et nombre de niveaux varient selon la finesse souhaitée, la puissance de calcul disponible, la vocation du modèle (prévision à courte échéance, simulation climatique, prévision saisonnière...).

Pour les phénomènes dépassant la taille de leur maille, les modèles suivent ces lois physiques en toute rigueur. En revanche, les phénomènes plus petit* ne sont pas " décrits " explicitement dans le modèle. Ils sont pris en compte par le biais d'algorithmes spécifiques qui simulent leur influence moyenne à l'intérieur des mailles du modèle.

Pour effectuer les milliards de calculs nécessaires à la résolution des équations mathématiques simplifiées qui traduisent l'évolution de l'atmosphère, Météo-France utilise deux supercalculateurs depuis 2014.

L'analyse des simulations par les prévisionnistes

Les résultats des simulations effectuées par les modèles ne sont pas encore des prévisions météorologiques. Il s'agit de scénarios d'évolution des principaux paramètres météorologiques en tous les points de la grille qui représente l'atmosphère.

L'expertise des prévisionnistes est indispensable pour analyser ces résultats complexes et les traduire en informations concrètes. Ils choisissent parmi les différents scénarios celui qui apparaît comme le plus probable et le déclinent en « produits de prévision » adaptés aux utilisateurs, à savoir des cartes et des bulletins de prévision.

Les prévisionnistes caractérisent aussi les risques de phénomènes dangereux et prennent les décisions relatives à la vigilance. De plus, ils assurent un contact direct avec certaines catégories d'utilisateurs, comme les services en charge de la sécurité civile en France.

Pour analyser au mieux ces simulations, les prévisionnistes utilisent différentes techniques de prévision, en fonction notamment de l'échéance :

La prévision déterministe

Pour les échéances allant de quelques heures à 3 ou 4 jours, on peut employer une technique appelée prévision « déterministe ». Elle repose sur l'utilisation de modèles numériques de prévision du temps, qui simulent le comportement de l'atmosphère.
La première étape de la prévision déterministe consiste à établir à partir des observations une représentation cartographique du temps qu'il fait, c'est-à-dire un état initial de l'atmosphère. Le modèle calcule ensuite l'évolution des paramètres météorologiques (pression, température, vent) au fil du temps. En partant d'un état déterminé de l'atmosphère, le modèle élabore un seul scénario d'évolution de ces paramètres, c'est pourquoi on parle de prévision « déterministe ».
Les simulations sont ensuite analysées par un prévisionniste qui connaît les limites du modèle. Il ajuste, modifie et traduit les résultats en termes de temps « observable », comme la durée et l'intensité des précipitations, les températures minimales et maximales, l'apparition d'orages, de rafales de vent ou de brouillards. Mais, cette approche déterministe ne permet pas d'évaluer les incertitudes qui pèsent sur l'unique scénario de prévisions retenu.

La prévision d'ensemble

Chaque étape de la prévision du temps comporte des incertitudes qui peuvent peser sur la qualité de la prévision finale. Les innovations dans le domaine de la mesure et les recherches sur les processus atmosphériques permettent de réduire petit à petit les sources d'incertitude. Mais l'atmosphère a un comportement chaotique et c'est une réalité physique qui nous échappe.

Au lieu de s'en tenir à une approche déterministe qui produit un unique scénario d'évolution pour chaque cartographie du temps qu'il fait, les prévisionnistes utilisent donc de plus en plus une méthode qui permet de tenir compte de ces incertitudes : la prévision d'ensemble (ou probabiliste). Elle consiste à réaliser des simulations à partir de plusieurs descriptions de l'état initial de l'atmosphère différentes. Ces dernières ne sont pas choisies au hasard : elles sont représentatives des incertitudes identifiées qui pèsent sur les mesures. La prévision d'ensemble fournit ainsi plusieurs scénarios d'évolution de l'atmosphère. Leur convergence ou leurs divergences renseignent les prévisionnistes sur la probabilité d'occurrence de chaque scénario : ils peuvent ainsi choisir le plus probable et quantifier l'incertitude qui pèse sur cette prévision.

Cette quantification de l'incertitude permet notamment aux prévisionnistes d'assortir leurs prévisions au-delà de 4 jours d'un indice de confiance. Ce chiffre de 1 à 5 accompagne les prévisions. Plus le prévisionniste estime que la prévision est fiable, plus l'indice de confiance qu'il choisira sera élevé (1 : confiance très faible, 5 : confiance très élevée).
Des informations probabilistes sont également proposées pour les phénomènes de précipitations et de gel, sous forme de pourcentages de probabilité.

Exemple de prévision d'ensemble. © Météo-France.

La prévision immédiate

La prévision immédiate concerne le très court terme : de quelques minutes à quelques heures. Ces prévisions servent par exemple aux prévisionnistes à faire le suivi temporel et spatial fin des épisodes météorologiques dangereux, comme les épisodes méditerranéens, notamment lors de vigilance météorologique orange ou rouge. Dans le cadre de ses activités commerciales, Météo-France est aussi amené à surveiller le risque de pluie pendant des événements sportifs ou culturels : il s'agit alors de fournir des chronologies très précises des épisodes pluvieux pour les heures à venir. Les prévisions immédiates sont aussi utilisées dans d'autres domaines, comme l'aviation ou le transport routier.

L'élaboration de ces prévisions s'appuie sur l'utilisation des observations. En effet, le modèle numérique de prévision Arome assimile toutes les 6 heures les données issues des observations et fournit des prévisions jusqu'à 48 heures d'échéance. La méthode d'assimilation des données, suffisante pour assurer la qualité des prévisions au-delà de quelques heures, en limite la qualité pour les premières échéances. Pour prévoir le temps dans les heures qui viennent, les prévisionnistes combinent donc les informations délivrées par Arome avec des extrapolations des données d'observation, notamment des images radar et satellite.

Évaluer les prévisions, une étape indispensable pour améliorer les techniques

Comme ses hom*ologues étrangers, Météo-France procède systématiquement à l'évaluation a posteriori de ses prévisions. Cette évaluation est une étape indispensable pour améliorer les méthodes et les techniques. On vérifie ainsi l'ensemble de la production, que ce soit les résultats bruts des modèles numériques ou les prévisions finalisées qui ont été diffusées aux utilisateurs.

La vérification des prévisions montre que la prévision du type de temps à 24 heures d'échéance sur la France est juste dans environ 90 % des cas, et que la prévision de température à 24 heures d'échéance en un point donné a une précision moyenne de l'ordre de 1 à 1,25 °C. À 7 jours, la précision est de l'ordre de 3 °C.

Un jour gagné tous les dix ans, grâce aux travaux de recherche

Les performances des prévisions sont en constante amélioration. Sur les trente dernières années, la qualité des prévisions du modèle Arpège de Météo-France a gagné un jour tous les dix ans : aujourd'hui, les prévisions à cinq jours sont aussi fiables que les prévisions à trois jours au début des années 2000.
Cette amélioration est le fruit des travaux de recherche menés par Météo-France et ses partenaires sur chacune des étapes de la réalisation d'une prévision, dans les domaines de l'observation (satellites comme Metop), de la modélisation et de l'expertise. Elle est permise grâce à l'augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs utilisés pour la modélisation.

Qu'est-ce que la prévision saisonnière ?

La prévision saisonnière consiste à prévoir la moyenne trimestrielle de paramètres météorologiques (température, précipitations) pour les mois à venir, à l'échelle d'une zone comme l'Europe de l'Ouest.
Il ne s'agit pas de prévisions classiques (limitées à une dizaine de jours) décrivant dans le détail des situations météorologiques.

La prévision saisonnière a pour objectif de déterminer le climat moyen du trimestre à venir. Ces prévisions indiquent le scénario le plus probable parmi trois scénarios prédéfinis : proche, en dessous ou au-dessus de la moyenne. Ce qui donne pour la température « chaud », « normal » ou «froid », et pour les précipitations, « humide », « normal » ou « sec ». On cherchera par exemple à déterminer si l'été prochain sera en moyenne chaud et sec ou froid et humide en Europe de l'Ouest.

Pour les réaliser, on utilise, comme pour les prévisions classiques, des modèles (simulations informatiques) planétaires. Mais ceux-ci reproduisent en plus le comportement d'autres milieux en forte interaction avec l'atmosphère, comme l'océan. À l'échelle de la saison, l'évolution de l'atmosphère est fortement influencée par la variation océanique. Elle peut engendrer par exemple des conditions favorisant un passage très au nord des perturbations atlantiques, ou qui vont modifier radicalement les zones soumises à de fortes pluies dans les tropiques, ou encore qui vont générer de fortes chaleurs et sécheresses.

Les performances des prévisions saisonnières sont très variables selon le lieu, la saison et le paramètre météorologique concerné. Elles sont meilleures pour la température que pour les précipitations, et pour la température, meilleures en hiver qu'en été. Elles sont très informatives dans la ceinture intertropicale, sur le pourtour du Pacifique. En revanche, la prévisibilité de la température en Europe de l'Ouest, sans être nulle, reste faible. Ceci est dû aux caractéristiques de la circulation générale de l'atmosphère au-dessus de l'océan Atlantique aux latitudes tempérées.

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FAQs

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3 étapes sont nécessaires pour réaliser des prévisions météorologiques : l'observation, la simulation à l'aide des modèles météo et l'analyse des données par un prévisionniste. Pour prévoir le temps, il est indispensable de connaître le mieux possible le temps présent.

Comment Prévoit-on un climat ? ›

La prévision météorologique est élaborée en trois étapes fondamentales : l'observation, la simulation de l'évolution de l'atmosphère à l'aide des modèles numériques et l'analyse des résultats par les prévisionnistes.

Comment se font les prévisions météo ? ›

Le géopotentiel est utilisé en météorologie pour calculer la pression de masse d'air (ayant une masse unitaire ) en fonction de l'altitude, de la latitude en prenant en compte l'effet rotatif de la Terre. Le paramètre « température à 2m » est comme son nom l'indique, la prévision de la température, et ce sous abri.

Quel est le meilleur modèle de prévision météo ? ›

ARPEGE est le principal modèle numérique de Météo-France. C'est un modèle global qui découpe l'atmosphère sur une centaine de couches sur la verticale et sa résolution horizontale varie dans l'espace. Il permet de prévoir les phénomènes de grande échelle (dépressions, anticyclones par exemple) qui parcourent le globe.

Comment Peut-on prévoir le climat du futur ? ›

Pour connaître le climat du futur, les scientifiques développent des modèles climatiques. Ce sont des constructions numériques du système climatique qui mobilisent des outils mathématiques, physiques, chimiques et biologiques.

Comment Prévoit-on les changements dans le climat de la Terre ? ›

Après stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre, les températures moyennes globales à la surface devraient augmenter à un rythme de seulement quelques dixièmes de degrés par siècle et non de plusieurs degrés par siècle comme l'indiquent les projections pour le XXIe siècle sans la stabilisation.

Pourquoi Est-il difficile de prévoir la météo ? ›

Car les interactions au sein de l'atmosphère sont particulièrement difficiles à modéliser et à anticiper ; c'est ce qu'on appelle l'effet papillon, théorisé en 1969 par le mathématicien et météorologue Edward Lorenz.

Comment savoir si il va pleuvoir ou pas ? ›

Par exemple, les petit* nuages blancs sont signe de beau temps, alors que les grandes nappes de nuages gris annoncent la pluie, l'orage ou la grêle. On peut aussi se fier aux animaux, comme les moucherons, qui sont plus nombreux avant un orage, ou les oiseaux, qui volent bas quand il va pleuvoir.

Comment on mesure la météo ? ›

un baromètre : mesure de la pression atmosphérique ; un ensemble anémomètre-girouette : mesure de la direction et la vitesse du vent ; un pluviomètre : mesure des précipitations ; un héliographe : mesure de l'ensoleillement.

Quelle est la meilleure prévision météo ? ›

Météo France: l'application incontournable, sans doute la plus fiable, pour vérifier les prévisions près de chez vous, partout en France, mais aussi à l'étranger. Si vous autorisez la géolocalisation dans vos réglages de votre téléphone, l'appli s'ouvre toujours sur la météo du lieu où vous vous trouvez.

Quand il fait 30 degrés à l'ombre combien Fait-il au soleil ? ›

Ces températures sont relevées sous abri (c'est à dire à l'ombre) et ne tiennent pas en compte de l'ensoleillement. Pour obtenir une température au soleil réelle, ressentie, on peu ajouter 10°C à ces valeurs ! Avec 30°C attendus dans l'ouest et le sud, le ressenti sera plus proche de 40°C en plein soleil !

Qui a créé la météo ? ›

Le Verrier est considéré comme le père de la météorologie moderne. En effet, il découvre que les événements météorologiques en un lieu donné sont le résultat d'un déplacement, à l'échelle planétaire, de phénomènes physiques.

Quelle est la météo la plus fiable au monde ? ›

The Weather Channel (application par défaut sur iPhone, aussi utilisé par Google) et AccuWeather (application par défaut sur Samsung) ont des prévisions à court terme en France assez similaires, considérées comme « fiables » par la plupart des spécialistes.

Quelle est la source météo la plus fiable ? ›

D'après Frandroid, les plus fiables seraient celles de : Météo France, Today Weather, MétéoCiel, Yahoo Météo ou […]

Comment lire les prévisions météorologiques ? ›

La couverture nuageuse : La partie ombrée du cercle indique la partie du ciel couverte par les nuages. Sur la figure, le cercle est tout noir, ce qui indique que le ciel est complètement couvert. Température de l'air : La température de l'air est exprimée en degrés Celsius. Sur la figure, la température est de 1 oC.

Comment prévoir les phénomènes climatiques ? ›

Pour réaliser des prévisions météorologiques, il faut mesurer la pression, relever la température, évaluer l'hygrométrie et étudier le vent. Comment mesure-t-on la pression ? La pression correspond aux variations du poids de l'air en un lieu et une altitude donnés.

Comment se fait l etude du climat ? ›

La climatologie se conjugue à tous les temps : passé, futur, mais également présent. Vigie du temps et du climat, la climatologie entretient la mémoire du climat grâce aux longues séries de mesures, mesure l'évolution des paramètres (température, précipitations…) et dessine les tendances du changement climatique.

Comment se présente le climat ? ›

Les éléments pris en compte pour établir un climat sont les suivant : température, soleil, précipitations, humidité, vents et pression atmosphérique. Il existe plusieurs types de climats sur la planète qui répondent aux mêmes caractéristiques. Ce sont des variables de surface.

Comment expliquer le climat ? ›

Les climats de la Terre (température, ensoleillement, précipitations) sont influencés par la circulation de l'air et de l'eau. Les masses d'air et d'eau se déplacent en fonction de leur réchauffement et de leur refroidissem*nt, donc en fonction du rayonnement solaire.

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Author: Nathanael Baumbach

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Name: Nathanael Baumbach

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